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Aricle Un désherbage combiné pour lutter contre l’ambroisie

En raison d’une importante prolifération d’ambroisie sur ses parcelles, Johan Revol est extrêmement exigeant sur la réussite de son désherbage.

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«L’ambroisie à feuilles d’armoise n’est pas plus nuisible pour les cultures que les autres mauvaises herbes. En revanche, elle est devenue un véritable problème de santé publique à cause de ses pollens allergisants. Il faut donc la détruire intégralement avant floraison », explique Johan Revol, installé en EARL avec son père à Maubec, en Isère. Depuis de nombreuses années, la totalité de ses parcelles sont infestées par cette adventice, qui prolifère désormais sur presque tout le territoire national. C’est surtout dans le tournesol qu’elle est la plus concurrentielle, le cycle de développement de ces deux plantes étant assez similaire. « Au mois de juillet, si le désherbage n’a pas été assez efficace, il n’est pas rare que l’ambroisie atteigne la taille des tournesols. Les pertes de rendement atteignent alors jusqu’à 70 % », explique l’agriculteur. Pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation, Johan a recours à une stratégie de lutte précise et rigoureuse.

Pour les cultures de printemps, l’objectif des deux producteurs est de réussir leur semis et le désherbage des adventices en prélevée. « Pour semer notre tournesol, nous visons une semaine avec pluie, précise-t-il. Souvent, c’est entre le 15 et le 25 avril. Il faut absolument que les conditions soient poussantes. »

Mélange d’herbicides

Après le semis, quand la terre est fraîche, nous procédons à un désherbage chimique avec un mélange Nikeyl (2 l/ha) et Racer ME (1,8 l/ha). « Ce mélange antidicotylédones et antigraminées est très efficace, s’il est opéré au moment opportun », indique Johan. Dans de très rares cas, il réalise un rattrapage. « J’utilise alors deux demi-doses de Pulsar 40, soit 1,8 l/ha au total. » Pour réussir une telle stratégie de désherbage, le producteur n’utilise que des variétés de tournesol Clearfield, réputées pour être tolérantes aux herbicides. Afin de peaufiner cette lutte, il n’hésite pas non plus à broyer un angle de parcelle sale, ou même à arracher à la main quelques plantes résistantes.

En cultures d’hiver, sur céréales à paille, l’ambroisie est peu concurrentielle. Elle ne pose donc aucun problème pendant la culture. En revanche, les jeunes plantules peuvent germer au printemps sous la culture et se développer après la récolte. « L’adventice arrive alors à floraison à partir de la fin juillet, ou dans le courant du mois d’août. La lutte est donc essentielle avant qu’elle n’émette son pollen », explique Johan. Pour cela, le céréalier effectue systématiquement un travail du sol mécanique sur chaumes, à l’aide d’un déchaumeur à dents à pattes d’oie, en un seul passage. « Pour être efficace sur ambroisie, le déchaumage se fait entre 8 à 10 cm de profondeur, idéalement par temps un peu frais, car les sols secs retiennent l’ambroisie et l’empêchent de s’arracher totalement, explique-t-il. Il doit être réalisé, si possible, juste après le passage de la batteuse. Sur nos 110 hectares de céréales, dont 85 ha en blé, nous ne ramassons la paille que sur 30 ha. Les 80 ha restants sont aussitôt broyés, pour effectuer le déchaumage au plus vite. »

Un réel intérêt agronomique

Très rapidement, au plus tard une semaine après la moisson, toutes les terres qui sont cultivées en production de printemps – tournesol, maïs, soja – sont systématiquement semées en interculture avec un couvert végétal, en mélange multi-espèces, qui sera détruit juste avant l’implantation des cultures. « Ce semis de couvert est primordial pour éviter que les adventices, y compris l’ambroisie, ne se développent à nouveau, souligne Johan. Il est très efficace pour réduire le stock semencier dans le sol. Il a aussi un réel intérêt agronomique, car il apporte de la matière organique. Suivant les années et si les conditions sont poussantes, nous arrivons même à l’ensiler au mois d’octobre. C’est un apport protéiné azoté intéressant pour l’alimentation de nos vaches. »

Cette stratégie globale de désherbage porte aujourd’hui ses fruits. « En combinant ces différents moyens de lutte, nous parvenons à contenir la prolifération de l’ambroisie sur notre exploitation, ajoute le céréalier. Nous constatons même une régression de cette adventice sur certaines de nos parcelles. » A terme, Johan envisage de faire des essais de semis sous couverts dans ses parcelles de tournesol, afin de limiter l’usage des pesticides.

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